Que cache l'industrie des tours à dos d'éléphants?
L'Asie du sud est une destination très prisée à l'heure actuelle. Que ce soit pour ses plages paradisiaques, pour ses paysages à couper le souffle, pour la gastronomie ou la culture riche du continent, l'itinéraire Thailande -> Laos -> Cambodge -> Vietnam est très populaire auprès des voyageurs.
Beaucoup d'entres-nous sommes attirés vers ces destinations également pour des activités qui montent en popularité ces dernières années, les activités auprès d'animaux sauvages comme les éléphants ou encore les tigres. On nous présente ces activités comme étant des pratiques soucieuses du bien-être animal, comme étant encadrées et culturelles pourtant, rien de plus faux. Ces créatures emblématiques sont utilisées à des fins purement commerciales.
Heureusement, ceux qui ont le pouvoir de changer le futur de ces bêtes, c'est nous, les voyageurs. En nous éduquant sur ces pratiques, en voyageant de façon plus consciencieuse & plus éco-responsable nous pouvons choisir de ne pas contribuer à l'expansion de ces industries barbares.
Mais tout d'abord, je crois qu'il est important de comprendre les enjeux de ce type de pratique pour pouvoir prendre une décision réfléchie et répandre la nouvelle auprès des autres voyageurs de la communauté.
D'un point de vue économique
Malgré les efforts de conservation de l'espèce, la quantité d'animaux sauvages utilisés comme attraction touristique a subi une augmentation de près de 30% en Thailande. Selon le journal theguardian.com, près de 40% des touristes venant au pays prévoit faire un tour d'éléphant ce qui équivaut à près de 12.8 millions de tours dans le pays. Alors que le tourisme contribue à 22% de l'économie de la Thailande, ces chiffres sont loin d'être négligeables.
En Afrique, alors que la vente d'ivoire rapporte autour de 16 500€ par éléphant sur le marché noir, un éléphant qui est utilisé pour les activités touristiques peut rapporter près de 1.6 million d'euros selon un rapport publié par l'ONG David Sheldrick Wildlife Trust.
Un animal majestueux réduit à l'esclavage
Peut-être l'avons-nous oublié, mais l'éléphant est un animal sauvage. Ça semble ridicule dit comme ça pourtant, on à tendance à l'oublier et l'industrie redouble d'efforts pour nous faire croire que les animaux se plaisent dans ce mode de vie. Pourtant, ceux-ci ne sont qu'esclaves de l'humain. La place d'un tel animal n'est pas derrière les barreaux, sur une scène de cirque ou encore dans un environnement clos, mais bien dans la nature sauvage.
« Quand ils ne sont pas utilisés pour des promenades ou des spectacles, les éléphants sont enchaînés jour et nuit, le plus souvent avec une chaîne de moins de 3 m de long », souligne-t-on dans le rapport de World Animal Protection (WAP). Un constat fait à travers toute l’Asie. « La nourriture qui leur est donnée n’est pas bonne, ils ont des soins vétérinaires limités et sont souvent gardés dans des endroits stressants, avec de la musique forte ou des groupes de touristes, sur un sol en ciment. »
Le Phajaan ou “anéantir“ l'éléphant
Pour rendre un éléphant docile, celui-ci doit être pris en charge par des dresseurs que l'on appelle des mahouts. La méthode utilisée est celle du phajaan lors de laquelle sont utilisés châtiments corporels et tortures de toutes sortes.
Les mauvais traitements infligés à l'animal doivent être traumatisants à un point tel que ceux-ci craignent l'humain à tout jamais. L'éléphanteau grandit donc avec une peur viscérale de l'homme.
L'éléphant est confiné dans une cage minuscule, ses pattes attachées ensemble pour l'empêcher de bouger afin que le mahout puisse battre librement l'animal. Le dresseur attaque des endroits stratégiques sur le corps de la bête, principalement là où la peau est très fine. Des outils comme des pieux, des bâtons et des bullhook (type de marteau pointu) servent également à infliger de la torture à l'éléphant. Beaucoup d'éléphants sont rendus aveugles afin qu'ils deviennent dépendants de l'humain.
L'animal sauvage est ensuite privé de sommeil, d'eau et de nourriture afin que celui-ci se soumette à l'humain. Durant cette période, l'éléphant est également étouffé et électrocuté.
Le traitement réduit en intensité lorsque l'éléphant commence à être plus docile et que les humains peuvent ainsi les contrôler comme de vulgaire pantin. Par contre, les coups et certains traitements de torture sont infligés à une certaine fréquence à l'animal jusqu'à la fin de sa vie afin de lui rappeler qu'il doit continuer d'obéir s'il ne veut pas revivre le phajaan.
Près de la moitié des éléphants ne survivent pas durant cette pratique.
Pas fait pour être monté
La colonne vertébrale de l'éléphant n'est pas faite pour supporter un poids aussi lourd. Le dos de l'animal peut supporter un maximum de 150 kg. Sachant qu'une nacelle peut peser jusqu'à 100kg, ajoutons à cela le dresseur et les touristes et considérons le fait que le pachyderme est loin de faire un seul tour dans sa journée. Rien que ça, c'est de la maltraitance.
Bien des touristes paient pour voir un éléphant parce qu’ils aiment les animaux, sauf que 80% d’entre eux laissent un commentaire positif sur les sites où il est maltraité. Sa souffrance est bien cachée derrière les belles façades et les tours sympathiques. - World animal protection
Et les bains pour éléphants?
De nouvelles pratiques gagnent en popularité depuis que nous sommes de plus en plus éduqués sur l'horreur des tours pour éléphants. Cependant il faut garder en tête une chose, si l'animal est docile, il est assurément passer par le traitement du phajaan. J'ai lu des témoignages de gens qui avaient voulu essayer une activité alternative afin de voir le magnifique animal, mais ceux-ci l'ont vite regretté. Même lors de bain, certains mahout tiennent en main le bullhook afin de dicter à l'éléphant de se coucher dans l'eau.
Apparemment qu'il existerait quelques centres éco-responsables qui ont pour mission de racheter les éléphants maltraités pour leur offrir une meilleure vie, mais encore là, les témoignages sont très controversés. Les éléphants ne devraient pas être en contact quotidien avec les humains et même dans ce type de refuge, il reste que l'animal est encore une fois qu'une vulgaire attraction touristique. Personnellement, je préfère rester loin de ce type de pratique.
Quelques témoignages :
Voilà pourquoi vous ne devez jamais monter sur le dos d'un éléphant si vous voyagez en Asie.
9 choses à savoir avant de monter à dos d’éléphant
Faire de l’éléphant en Thaïlande… ce qu’on cache aux touristes
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Voir des éléphants en Thailande : L'arnaque des centres de protection
Les éléphants sont impressionnants, fiers & majestueux, bien sûr que nous avons envie de les approcher, de les observer et de les toucher. De tels animaux font renaître l'enfant en nous. Nos choix ont des répercussions et avec toute l'information que nous possédons, il n'y a plus d'excuses pour encourager cette industrie. Avec l'expansion du tourisme, il existe tellement d'activités proposées. Laissons de côté ce qui n'est pas éco-responsable et encourageons les pratiques honnêtes. Prenons l'entière responsabilité de nos choix et ne laissons pas des bêtes vulnérables payer pour nos caprices.
Voyager c'est plus que du tourisme, plus que de faire une tonne d'activités. Voyager c'est s'immerger, changer de regard, goûter de nouveaux plats, apprendre une nouvelle langue, discuter avec des gens de partout à travers la planète ou encore lire sur l'histoire d'un peuple.
Voyageons oui, mais de façon responsable :)
Bon voyage!
Je ne parle pas du voyage en mode planifié, où tout est calibré, prévu, bien aménagé pour que jamais tu ne sois déboussolé. Je te parle d'un lieu, parfois trop dur à affronter, où la réalité doit s'imprégner de douceur pour mieux être acceptée.