Mon expérience de "sound healing" au Costa Rica
Le contraste de la salle fraîche avec le climat tropical humide de l’extérieur a été la première sensation ressentie. Le studio était vitré de tous les côtés, au centre de cette jungle incroyablement riche, la chaleur du bois sous mes pieds, l’odeur de l’encens de sauge blanc et les basses vibrations de la musique, la séance n’avait pas encore débutée que je me sentais déjà entrer dans une autre dimension.
Nous étions environ douze à suivre l’expérience. Nos tapis de yoga disposés en demi-lune devant celui qui guiderait notre pratique. La lumière a commencé à se tamiser et nous avons été invités à nous asseoir les yeux mi-clos en posture de méditation.
Ceibo a introduit la séance en nous parlant des frontières ; Géographiques, soit entre les pays, naturelles, entre l’océan et la terre, la forêt et les rivières, mais aussi spirituelles et psychologiques. Nous avons été amenés à méditer quelques instants sur les contrastes que l’on rencontre dans une journée, soit en passant d’un état énergique à somnolent ou encore d’un état positif à l’opposé. Toujours assis les jambes croisées, nous avons été guidés à prendre quelques grandes respirations avant de s’allonger en Savasana, la tête pointant vers les instruments.
Je me sentais déjà incroyablement détendue, les paumes tournées vers le ciel, j’ai d’abord fait une minute de respiration profonde pour ramener mon total focus à cet instant. Puis l’expérience a débutée. D’abord avec les bols tibétains, émettant différentes notes, différentes fréquences, amenant ainsi le corps dans une relaxation de plus en plus profonde. Je sentais le poids de la serviette que j’avais mise sur mes yeux fermés pour les couvrir, mon corps devenait de plus en plus détendu à chaque expiration.
J’entendais la vibration du son tout près de mon oreille puis elle fuyait d’un côté devenant de moins en moins perceptible. Chaque fois que le son s’éloignait, j’espérais qu’il revienne, comme s’il me manquait déjà. Une minute j’étais enveloppée d’une haute fréquence et la suivante, d’une basse. Les premières dix minutes, le son était accompagné de la voix de Ceibo qui nous guidait dans notre méditation personnelle après quoi, nous avons été laissés à nous-même, abandonnés, enveloppés par les vibrations sonores.
J’aimerais dire ce qui s’est passé durant l’heure qui a suivi, mais je n’étais qu’abandonnée à quelque chose de plus grand que moi. Mon esprit calme, aucunes pensées, mon corps était probablement allongé mais je ne le sentais plus, j’avais l’impression de ne faire qu’un avec le son.
Chaque fois que l’instrument changeait, je revenais à mon corps, comme pour apprécier la sensation que me procurait cette différence de son. Les petites clochettes utilisées à un certain moment m’ont fait monter comme dans un conte de fées, les hautes fréquences me faisaient sentir si légère, je souriais de l’intérieur. Puis une fois que mon corps s’habituait à ce nouveau son, dès lors je replongeais en transe, m’abandonnant complètement une fois de plus.
Le son qui me transportait le plus était celui des bols tibétains, ils me procuraient un massage sonore qui amplifiait ma relaxation, celle-ci devenant aussi profonde qu’imperceptible. À certains moments ces vibrations étaient harmonisées avec les chants OM d’une fréquence plutôt basse. Le son était pratiquement toujours en continu, les fréquences harmonisées les unes avec les autres, créant une ambiance extrêmement enveloppante. Ces vagues d’ondes provenant de différents côtés procurait une circulation énergétique intense mais paisible à la fois.
Le temps passa, difficile de dire combien de temps, difficile de dire ce qui s’est réellement passé durant cette période. Quoi qu’il en soit nous avons tranquillement été ramenés vers notre corps physique. Le simple fait de ramener mon attention à mon corps immobile, étendu dans la salle me donna un peu le vertige, réalisant l’effet de la séance. J’ai tranquillement commencé à bouger mes membres, mes orteils puis mes doigts, c’était très étrange de redescendre, j’avais une sensation de picotement. Puis j’ai recommencé à entendre les sons de la jungle dehors, les oiseaux, le vent. Le soleil devait s’être couché depuis quelques minutes car les cigales ont commencé à chanter. J'‘ai réintégré mon environnement tranquillement et des larmes se sont mises à couler sur mes joues. Mon coeur battait rapidement je sentais l’énergie traverser mon corps fébrile. N'essayant pas de me contenir je versais des larmes de joie devant cet environnement incroyablement riche, j’avais l’impression de ne faire qu’un avec celui-ci. Tant de gratitude j’ai ressenti à cet instant.
C’est quelque chose de vouloir vivre ailleurs, mais c’est tout autre de savoir exactement, sans aucun doute que l’on se trouve là où l’on doit être. Ce sentiment je l’éprouve chaque fois que je reviens au Costa Rica, sauf qu’il est parfois suivi d’arrières pensées construites par la société, essayant de me prouver que cela est trop beau pour être vrai, que ce n’est pas un chemin normal à emprunter,. Mais là je ne sentais que l’énergie immense que me procure cet environnement, ne faisant qu’un avec la jungle à l’extérieur. Je n’étais plus observatrice de la nature, j’étais redevenue nature.
Les participants se sont mis à quitter le studio tranquillement, me laissant seule au centre de la salle, au centre de la jungle, les yeux fermés je me contentais de ressentir. Mon esprit ne voulait pas trouver de mots, je ne ressentais pas le besoin d’expliquer ni d’exprimer quoi que ce soit, aucun mot n’aurait pu décrire cela de toute façon.
Je me suis levée tranquillement et j'ai marché vers l’extérieur du studio où m’attendait un ami avec qui j’avais fait la séance “how was it?” m’a t-il dit. Je lui ai lancé un regard les yeux ronds comme voulant dire ‘‘mind blown’’, mais il a immédiatement compris. Juste comme nous quittions le studio sur nos bicyclettes pour retourner dans la jungle, puis de toutes petites lumières se sont mises à clignoter autour de nous
…Des lucioles.
Nous nous sommes arrêtés dans la nuit au centre de toutes ces petites lumières qui illuminaient la route & avons pouffé de rire durant plusieurs minutes devant cette beauté incroyable que nous offre la nature. Peux-tu croire que c’est réel? Se répétions-nous en riant.
-Bro I feel high…!
-High on life!!!
Puis le fou rire repartait de plus bel.
- Hey Oli, would you like to go back to live in a huge tower in the middle of the city?
On s’est regardés et on a continuer d’éclater de rire…
J’ai toujours ressenti que ma place était ici ne sachant pas ce qui me repoussait du pays où j’étais né, c’était plus fort que moi. Incroyablement sensible à mon environnement, mon corps & mon esprit se sentent étouffés chaque fois que je retourne en Amérique du nord . Le mode de vie occidental et notre tendance à vivre dans notre tête plutôt qu'en étant enracinés, à courir plutôt qu’à ressentir, branchés à la technologie plutôt qu’à la nature, alimentés par de la nourriture en boîte plutôt que provenant directement de la Terre, cela nous rend vulnérables & déconnectés. La vitesse du mode de vie occidental, la coupure avec la nature comme si nous vivions à part d’elle, les lumières, la compétition, la course au succès sans fin… Certes l’humain est doté d’une incroyable capacité d’adaptation, mais chaque fois que je reviens ici, dans ce petit pays si intense en biodiversité, j’expérimente cette connexion profonde avec la nature, de plus en plus intensément. Ce pays c’est 500 000 espèces dans une région grande comme un dixième de la France, c’est 5% de la biodiversité mondiale, impossible d’être insensible à cela si on se connecte profondément avec la Terre.
C’est une connexion difficile à expliquer car elle est énergétique, notre tendance à toujours vouloir expliquer & mettre des mots sur les choses la rendrait banale.
J’ai l’impression que chaque fois cette séance à la fois sensorielle et spirituelle m’a permis d’approfondir encore plus ce que je ressens.
Aujourd’hui, le sound healing fait parti de ma pratique.
"Quelle joie que de vivre avec frugalité, de développer son appréciation pour chaque petite chose, de se contenter de peu mais du meilleur à la fois, vivre avec moins est un art mais quiconque apprend à se satisfaire de presque rien vit rarement dans le manque. "