Tahiti.

L’île que plusieurs surnomment, le paradis. Terre maorie faisant partie de l’archipel de la Polynésie française, cet endroit reculé du monde se distingue par ses immenses vallées, son paysage verdoyant, sa culture ancestrale unique et bien sûr, son lagon bleu turquoise sorti d’une toile de Gauguin. Artiste qui d’ailleurs, a quitté Marseille pour s’installer sur une île de cet archipel, devenu sa muse.

Ce qui a d’incroyable avec cette île, c’est qu’elle sait surprendre ses amateurs de plongée. Nul besoin d’équipement ni de bateau pour en avoir plein la vue.

En me levant le matin, dans la maison au bord de mer, je n’avais qu’à faire quelques pas, palmes & tuba en main, pour atteindre cet incroyable paradis sous-marin. Café noir, morceau de pain à la confiture et session de plongée en apnée ont défini ma routine matinale durant ces deux mois.

Il faut toutefois être vigilant, car ce paradis marin loge des animaux magnifiques, mais aussi venimeux. En voici quelques-uns, observable à quelques mètres seulement de la rive.

La murène – Puhi miti

La murène, Puhi miti en tahitien, vit tapie dans une anfractuosité du rocher, seule la tête dépasse avec une gueule largement fendue et sans cesse en mouvement. Derrière cette petite tête allongée se cache un long corps comparable à celui d’une anguille, pouvant mesurer jusqu’à 4 mètres. Elle attache sa queue dans les cavités des rochers et si elle vous voit passer, elle sortira légèrement de son anfractuosité.

Elle fait aussi du mutualisme avec certaines espèces comme des poissons, qui se chargent de nettoyer l’intérieur de sa bouche et en revanche, cela offre à ces derniers, un petit repas.

Bien qu’elle soit territoriale, elle n’attaque jamais spontanément, il convient tout de même de laisser une distance. Sans intrusion dans son territoire, vous n’aurez pas à craindre sa morsure. Vous connaissez les principes de la plongée de toute façon :) .

Le poisson pierre – Nohu

Poisson au talent de caméléons hors pair, cet animal vit principalement de façon immobile, enterrée dans le sable. Le risque, c’est qu’il se fond si bien dans son décor qu’il est très difficile à voir. Il se fond naturellement dans les coraux ou encore dans le sable. Ses nageoires sont épineuses et c’est sur la dorsale que réside son appareil venimeux.

On dit de lui qu’il est le poisson le plus venimeux du monde et peut, dans certains rares cas, causer la mort. Cependant, son poison se décompose à la chaleur, c’est donc le moyen utilisé comme remède lorsqu’une piqûre survient.

La raie (raie à aiguillon) – Fai manu

J’ai une réelle fascination pour cet animal curieux. Les raies ont l’habitude de vivre et se poser légèrement sous le sable. À Moorea, île voisine de Tahiti, les raies sont observables de si près qu’elles viennent parfois se frotter sur vos jambes pour demander de la nourriture. Elles sont très sociables et ne craignent généralement pas l’humain. Comme c’est le cas sur la photo ci-dessous. J’étais immobile au fond de l’eau, et ses créatures incroyables venaient à moi.

Les raies sont dans le même classe que les requins. Les deux espèces se démarquent par leur squelette composé non pas d’os, mais de cartilage. Tout comme les requins, les raies n’utilisent pas leurs yeux pour repérer leurs proies, mais bien un système de nerfs. Elles ne sont généralement pas agressives, mais il faut rester prudent, car sa piqûre peut être mortelle si elle vous pique près d’un organe. C’est d’ailleurs ce qui a causé la mort du célèbre “chasseur de crocodiles”, Steve Irwin. Lui qui avait passé sa vie à se mettre la tête dans la gueule des crocodiles. C’était arrivé aussi à une amie lorsqu’on a fait trempette sur Playa Maderas au Nicaragua.

Dans les plages où elles abondent, il est recommandé d’entrer à l’eau en se traînant les pieds au sol plutôt qu’en faisant des pas lourds. Si par mégarde vous vous faites piquer, plongez immédiatement votre pied dans une bassine d’eau très chaude et consultez un médecin.

Les oursins – Vana

Ces derniers ne vous attaqueront pas, puisqu’ils vivent immobiles accrochés sur différentes surfaces, principalement rocheuses ou enfouies dans le sédiment. Or, c’est d'eux que je me méfiais le plus lorsque je plongeais dans les espaces restreints, remplis de coraux. C’est la raison pour laquelle je plongeais avec des petites sandales de corail en plastique.

Les oursins ne sont pas généralement pas venimeux, mais les plaies peuvent être très douloureuses. Il existe différentes méthodes pour traiter la blessure, certains choisissent d’extraire les épines à l’aide d’une pince, d’autres trouvent qu’il est plus efficace de tapoter la région pour faire sortir celles-ci. Peu importe la méthode, il est important de plonger le membre atteint dans l’eau chaude.

Le corail de feu - Afifa

Et oui, les coraux sont des animaux. Observables sous diverses formes, ils peuvent être aperçus à une mince profondeur dans le lagon. Le corail de feu se distingue par les pores qu’il porte sur sa peau et sa couleur jaunâtre ou ocre. Comme son nom l’indique, il engendre des brûlures douloureuses au contact de la peau. Cela peut devenir dangereux si des petits fragments de roches se glissent sous la peau.

En cas de contact, il est souvent recommandé de rincer la plaie avec du vinaigre, du citron et d’appliquer une pommade analgésique.

Pour préserver ces espèces incroyables, il est nécessaire de privilégier des vêtements de protection rayons ultraviolets plutôt que de la crème solaire, ou choisir une crème solaire ne contenant pas d’oxybenzone ou de l'octinoxate.

La Rascasse volante – Tataraihau

Plus difficile à observer, cette espèce de poisson sort plutôt une fois la nuit tombée. Avec ses nageoires aux allures d’ailes, ce n’est pas au septième ciel qu’il vous emmènera, mais plutôt, à l’hôpital puisque son venin serait comparable à celui du cobra. Heureusement, il n’est pas mortel pour l’humain. Ce poisson est aujourd’hui considéré comme une espèce invasive due à son cycle de reproduction très court, il se propage partout dans un court laps de temps. De plus, il n’a pas beaucoup de prédateurs puisqu’il effraie ses derniers avec ses longues épines. Cela a pour effet de nuire à l’équilibre des écosystèmes qu’il habite. Cuba encourage ses habitants à consommer la viande de l’espèce pour se nourrir afin de ralentir son invasion. C’est d’ailleurs une pratique qui est adoptée depuis belle lurette au Japon.

Un scientifique que j’aime beaucoup , Idriss Aberkane, répète souvent cette phrase “ On marche sur les livres sans le savoir”. L’océan est un monde totalement inconnu dont nous avons observé moins de 5%. Nous dépensons des fortunes pour explorer l’espace, cet univers gazeux alors que nous ne connaissons à peine les trésors qui se cache sur notre planète. Il en va de chacun de nous de protéger toutes ces beautés, de les observer oui, mais dans une optique de curiosité plutôt que d’accaparement.

Le monde sous-marin est un univers incroyable, personnellement quand j’enfile mes palmes et mon équipement de plongée, j’ai l’impression de me préparer à rentrer chez moi. Nombreux d’entres-nous avons cette relation unique avec l’océan. C’est un milieu sauvage, vorace, mais si paisible à la fois.

Sur ce mes amis, bonne session de bulles! :)