Élise bernier

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Ce jour où elle cessa de vivre pour les autres

J’avais des rêves plein la tête, j’étais une femme libre, heureuse & qui vivait selon ses convictions. Une femme épanouie, qui osait emprunter la route qui la fait vibrer et ce peu importe ce que les autres pouvaient en penser.

Chaque jour, je faisais un pas de plus dans la direction de cette vie qui me faisait tant frissonner, cette vie qui semblait parfois trop belle même pour en rêver. Certaines voix tentaient de me ramener dans le droit chemin, à cet endroit qu’ils appelaient la réalité, « la vraie vie », mais moins je leur portais attention et moins elles étaient perceptibles. Ces paroles et morales étaient étouffées par le vent. Cette brise qui m’accompagnait dans cette aventure si courte, mais non pas moins surprenante qu’est le chemin de la vie.

J’étais libre & heureuse.

J’avais, selon mes standards, réussi.

Puis un jour, le vent s’est calmé et l’élan s’est affaissé un instant. Dans un moment de faiblesse, la brise m’a quitté assez longuement pour que les voix reprennent de plus belle. Alors qu’auparavant leurs paroles ne m’atteignaient pas, du jour au lendemain elles résonnaient autour de moi. J’essayais d’avancer, de traverser cette zone de turbulence où l’on me tiraillait d’un côté, puis de l’autre. On me tirait de tous les sens sauf dans la direction vers laquelle je souhaitais aller. On me ramenait à l’ordre, sous une pluie de « bonnes intentions ». Je m’efforçais de continuer ma route, mais perdais en force alors je me suis rendue.

Je suis revenue.

Je suis devenue celle que l’on attendait de moi.

Celle qui ne les décevrait pas, qui ne les dérangerait pas.

J’ai troqué mon passeport pour une carte de métro, mes savates pour une paire d’escarpins et mon bikini pour un veston bien coupé. J’ai camouflé mes cheveux décolorés par le sel & le soleil avec une teinture uniforme et taillé mes pointes fourchues en une coupe au carré. Mon teint doré s’est éclairci et mes taches de rousseur ont disparu.

C’était comme si, plus ma vie s’alignait avec leur vision et plus je gagnais en notoriété à leurs yeux. Je m’abstenais de parler toutes ces choses qui me faisaient vibrer à défaut de me heurter à un « cesse de rêver » alors j’ai tâché de marcher droitement, de lever menton, replacer chaque mèche rebelle afin de me convaincre moi aussi que, c’était peut-être ça, « la vraie vie ». Le regard de certaines personnes avait changé à mon égard, j’étais devenue plus acceptable socialement, je ne les dérangeais plus autant.

J’étais enfin entrée dans le rang.

J’avais réussi à me fondre dans la masse.

Me fondre à un point tel que j’avais du mal à me reconnaître & me retrouver. En un clin d’oeil, j’avais été arraché à mon rêve et ramené dans ce qu’on appelle « la réalité ».

Le feu de la passion brûlait en moi, plus faiblement, mais je le sentais tout de même sous ma poitrine, il était toujours là. Fidèle, il veillait sur moi. J’avais envie de l’écouter, de reprendre ma route, mais j’étais retenue par les responsabilités et les standards de cette nouvelle vie. C’était un étrange sentiment de désormais se retrouver du côté de la majorité, je ne sais pas si cela me plaisait, mais chaque fois que l’on m’approuvait dans cette direction, je vaporisais mon feu. Cette flamme qui autrefois me faisait avancer était maintenant un frein pour la femme que je devais devenir.


Puis, j’ai compris le sens de l’expression ; La vie passe en un clin d’oeil . Les jours, les mois et les saisons passaient, le temps changeait, les feuilles des arbres tombaient, puis ceux-ci devinrent nus avant de bourgeonner à nouveau, la température passait du positif au négatif, et moi j’avais l’impression d’avoir passé l’année à répéter la même journée. Autrefois réglée au soleil, à la marée, aux saisons et aux cycles lunaires, j’étais devenue « adaptée ».

Jusqu’au jour où j’en ai eu assez.

Cet instant où je me suis levée de table avant de quitter cette pièce de théâtre dans laquelle je jouais contre mon gré. J’ai ramassé ma fierté, que j’avais laissé au pas de la porte, enfilée mon audace et je suis partie me retrouver, sans me retourner.

“When you come to a fork in the road, take it.” – Yogi Berra


N’attends pas de t’adapter, ta vraie nature reviendra de plus belle.

N’essaie pas de te diminuer, tu calmeras peut-être ton désir immédiat, mais jamais tu n’étoufferas le feu de ta passion.

Tu es né pour créer, tu es né pour briller.

Ne laisse jamais qui que ce soit te convaincre de quelque chose que tu n’es pas. Ne laisse pas les autres te dicter ce que tu devrais ou ne devrais pas ressentir, faire ou ne pas faire, dire ou ne pas dire.

Tu entends ta voix? Porte-la. Exprime-toi! Parle haut, parle fort!

Ma professeure de droit à l’université avait dit une phrase un jour que j’ai surligné et resurligné dans mon cahier de note ; « La parole, ça ne se donne pas, ça se prend! » Voilà un élément que je n’ai pas eu à étudier longuement.

Le fait que tu vives ta vie comme tu l’entends les dérange ? Cesse d’essayer de leur plaire et continue, tu trouveras ta tribe en marchant vers ta vision.

 « Toute vérité franchit trois étapes. D’abord elle est ridiculisée. Ensuite, elle subit une forte opposition. Puis, elle est considérée comme ayant toujours été une évidence. » – Arthur Schopenhauer

Alors, crois en toi, tu n’as pas d’autre choix.

Tu sèmeras des graines sur ton passage pour ceux qui seront ouverts à t’écouter. Tu diras peut-être une phrase un jour, qui changera la vie d’une personne sans même que tu en aies la moindre idée. Pour ça, tu dois être aligné dans tout ton potentiel, dans ton flow et que tu vives selon TA vision. C’est TON équation, ton film, c’est TA vie.

Honore la personne que tu es. Fais des compromis, mais ne te plie jamais aux standards des autres si cela te demande d’oublier une partie de toi.


Vis dans ton rêve, eux ils n’ont qu’à vivre dans leur réalité. Garde tes forces pour ceux qui veulent te voir monter. Garde ta salive pour ceux qui veulent te voir briller.


…J’ai finalement vendu tout ce que je possédais, ces biens matériels synonymes de mon prétendu succès et c’est sans me retourner que j’ai repris la route.

Chassez le naturel et il revient au galop. – Destouches

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