Caprice d'une voyageuse
Parfois je me dis que ça aurait été simple de faire autrement.
Plus simple de rêver moi aussi, de la grande maison, du gros salaire en tant qu’employée, être une jeune maman au Québec, m’établir et fixer mon âme sur un sol qui pourtant me parait comme des sables mouvants. Plus facile, d’entrer dans le bal & de prétendre que je désire plus que ce dont j’ai réellement besoin.
De me convaincre que je n’ai pas assez, que je dois avoir plus, posséder plus, dépenser plus, faire plus…
C’était pourtant mon rêve il y a quelques années, avant que le voyage vienne tout chambouler.
J’étudiais d’arrache-pied pour partir vivre aux États-Unis, dans le domaine de la mode. Je troquais ma conscience pour une paire de talons hauts et mon sentiment de vide contre un grand sourire pour assister aux événements mondains de la ville.
Jusqu’au jour où j’ai rêvé d’autre chose. Ce jour où, sortie de nulle part, une étincelle a refait surface!
J’ai commencé à courir. 5 puis 10 puis 25 kilomètres.
C’est là que tout a commencé à se développer. Là que j’ai commencé à renouer avec moi. Je me suis rappelé de cet appel immense que j’avais toujours eu pour la mer. Sortir de la maison nu-pieds et courir sur la plage durant des kilomètres au lever du soleil. Me sentir vivre. Entendre mon cœur battre à fond et ma respiration s’harmoniser au brisement des vagues. Vivre sur le bord d’un Surf break, c’était ça que j’avais toujours voulu. Vivre de sports extrêmes & d’air salin.
42 paires de chaussures et deux gros sacs verts plus tard, c’est officiel, je pars d’ici. Derrière moi cette vie qui ne m’appartient pas. Ces masques qui ne me font plus. Ces lunettes qui m’empêchent de voir quoi que ce soit.
J’avais passé des années à monter cette penderie et à mettre en place un plan pour partir ma propre boîte d’évènementiel. Pourtant debout au milieu de tout ça, je ne m’y vois nulle part. Les paillettes, les couleurs, les textures, je ne me voyais dans rien de tout cela. Avais-je vraiment voulu ça au fond de moi?
J’ai rempli à demi capacité mon sac à dos de 38 Litres, mis la moitié de ma vie au bord du chemin, l’autre à l'armée du salut et j’ai claqué la porte sans jamais me retourner.
Qu’est ce que vous voulez? J’ai été assez capricieuse pour être enfin fidèle à moi-même.
Ladies and gentlemen, welcome onboard Flight 4B7 with service from Montreal to San Jose, Costa Rica. We are currently third in line for take-off and are expected to be in the air in approximately seven minutes time. We ask that you please fasten your seatbelts at this time and secure all baggage underneath your seat or in the overhead compartments.
Thank you for choosing Taca Airline. Sit back, relax and enjoy your flight.
J’y suis.
Assise au fond de mon siège, la tête dans le hublot avec l’impression de n’avoir rien laissé derrière.
C’est ce jour-là, il y a 9 ans que tout a changé.
Depuis ce jour, le Costa Rica est mon pays d’accueil et le Québec est devenu ma terre d’escale.
Parfois je me dis que ce serait plus simple de faire autrement.
Quand je reviens en Amérique du Nord, on tente de m’enraciner ici, de m’aspirer de nouveau d’un mode de vie rapide basé sur la consommation. C’est dur de ne pas se faire influencer, quand on n’a personne à qui parler. Difficile de se tenir debout sereinement, seule au beau milieu de cette course folle.
Le son des vagues me manque. Le calme, la brise chaude & saline qui entrent dans mes poumons durant ma course matinale. Ça, et aussi la désorganisation, le chaos des centres urbains d’Amérique latine.
Et si tout ce que je voulais moi, c’était une vie simple & frugale?
Est-ce si fou, de ne pas désirer plus que ce dont nous avons besoin? Dois-je être gêner de ne pas aspirer aux trophées, à la cumulation de diplômes & au mille-et-une possessions tantôt étincelantes, tantôt poussiéreuses, entassées dans un coin de placard ?
Est-ce tiré par les cheveux de vouloir offrir à mes futurs enfants la jungle et le bord de mer comme terrain de jeu plutôt que la tablette et les chaussures de l’année?
Une petite maison sur le bord de la mer, un emploi décent qui me permet de faire mon horaire, aller travailler en gougounes après une session de surf au soleil levant. Une vie lente & douce, au gré du vent.
Et si je n’en avais rien à faire de cumuler des biens matériels qui n’ont aucune importance pour moi?
Et si tout ce que je voulais moi, c’était une vie à mon goût, tout simplement!
Et si je n’étais pas seule dans cette situation?
Âme nomade,
Je sais que toi, tu me comprends.
Je sais que toi aussi, tu l’as vécu.
Je sais que ce que tu désires, ce n’est pas un caprice.
Je sais ce que ça signifie quand tu prononces les paroles « Je dois repartir ».
Je sais que ce n’est pas une fuite ni un caprice, mais un appel de la découverte qui vient de plus haut que toi.
Je sais que le retour en Occident est difficile quand on a vécu si longtemps à l’étranger avec le contenu d’un sac à dos.
Ce malaise face à ce consumérisme sans limites, je le connais.
Cette impuissance que tu ressens lorsque tu vois la nature maltraitée, je la vis aussi.
Cette marque sur ta conscience lorsque tu vois le tourisme de masse s’emparer de ton petit village où tu t’es expatrié il y a quelques années, je la porte également.
Ce sentiment que ton condo au centre-ville qui devrait te rendre si comblé ne te convient pas vraiment, je le ressens moi aussi.
Ce vide que à l’intérieur de toi lorsque tu es entouré de gens qui ne comprennent pas ton mode de vie, je le connais. Il m’habite depuis si longtemps qu’il fait partie de moi chaque fois que je reviens ici.
Cette remise en question lorsque certains te disent que ton mode de vie, c’est un caprice? Je l’ai fait et refait encore & encore. Pourtant ma petite voix en arrive toujours à la même conclusion.
Âme nomade, toi qui t’es promené, toi qui à vu et qui a retiré tes œillères, laisse-moi te dire qu’il n’y a pas de retour en arrière. Ta vie d’avant, elle s’est envolée le jour où tu as déployé tes ailes.
Ta petite voix, celle qui t’a réveillé autrefois, fera peut-être une sieste de temps en temps, mais jamais ne retombera dans un sommeil profond.
Parfois une partie de toi se dis que ce serait plus simple de faire autrement. Qu’il serait plus facile de retourner dans cette boîte d’avant, pourtant désormais beaucoup trop petite pour toi.
Et cette autre partie, pleine de confiance, d’empathie, de foi en le monde et en toi-même. Cette partie que rien ni personne ne peut arrêter. Celle qui sait ce qu’elle est, ce qu’elle vaut et que tous les expériences vécues jusqu’à aujourd’hui sont des mines d’or qui ont faites la personne que tu es devenue!
J’ai envie de te dire, sois forte et écoute cette dernière!
Nul ne sait ce que tu as vécu, mais crois-moi tu n’es pas seule.
Affirmer son mode de vie simple et minimaliste dans un monde de démesure, c’est une bataille que j’ai choisi de cesser de mener.
Au lieu de cela, je me suis tourné vers ceux et celles qui comprennent. Ceux et celles qui l'ont vécu.
J’ai choisi de mettre mon énergie à croître auprès de ceux qui comprennent ce que c’est, l’appel d’ailleurs.
L’appel d’une vie plus alignée avec nos valeurs.
C’est ce jour-là qu’est né le projet The Outsiders.
Une communauté qui rassemble les âmes nomades qui, comme toi, meurent d’envie de connecter avec ceux qui les comprennent. Ceux qui ne les feront pas répéter, qui ne les jugeront pas, crois-moi, ces gens existent.
Je t’invite à te joindre à nous et à célébrer ton authenticité haut et fort! À affirmer enfin de mode de vie sans avoir à t’expliquer encore & encore.
Chaque dimanche à 11h AM EDT je discute avec des gens comme toi, qui se sentent Outsiders dans leur propre pays en direct ici sur la page Facebook.
Je t’invite aussi à te joindre à notre Groupe Facebook The Outsiders pour partager ton histoire et connecter avec une communauté de gens comme toi.
Tu n’es pas seul ❤