Voyager requiert une seule et unique chose et ce n’est pas un billet d’avion.

Nous pourrions partir aujourd’hui au bout du monde que cela ne ferait pas de nous un voyageur.

En voyage tout comme dans la vie, comment passons-nous de touriste à voyageur?

Un blogueur de voyage français avait publié un jour une vidéo, parlant d’un certain peuple affirmant que ces derniers étaient heureux malgré leur pauvreté. Selon lui, ces gens étaient pauvres, car ils portaient des t-shirts sans marque et se baladaient en savates. Pour avoir vécu près d’un mois avec une grande famille sur l’île en question, je pouvais affirmer qu’il n’y avait rien de plus faux.

Sa perspective selon laquelle les gens qui ne portent pas de marque sont pauvres monétairement lui a certainement fait perdre une belle occasion de connecter avec l’expérience qui se déroulait devant lui. Il voyait le monde à travers ses yeux, sa personne, ses lunettes occidentales.

Avoir collé une étiquette si simpliste si rapidement l’a assurément privé d’une belle occasion de s’éduquer, mais surtout de réellement voyager.

Soyons honnêtes, coller des étiquettes, nous l’avons tous fait. Que ce soit sur une personne ou une situation, nous avons la tendance naturelle à analyser et voir la vie à travers notre propre regard, nos lentilles teintées de notre culture et notre éducation. Nous nous promenons avec des oeillères qui nous coupent sournoisement du reste du monde.

Certains voyagent au bout du monde, mais ont la tête à Montréal alors que d’autres voyagent chaque jour dans leur propre pays.

Nous marchons sur les chemins de terre au fond d’un village laotien, pourtant nous analysons la scène comme si elle se déroulait dans notre propre pays.

Nous goûtons une recette de tempeh dans le warung du coin à Bali, mais nos papilles ne rêvent que d’une rôtie au beurre d’arachides…de quelque chose de familier.

Nous traversons le Nicaragua dans un chicken bus tout en rêvant du confort d’un autobus voyageur qui fait Montréal-Québec.

Nous nous déplaçons, mais est-ce que nous voyageons?

Voyager requiert une seule et unique chose et ce n’est pas un billet d’avion.

Voyager c’est s’ouvrir.

S’ouvrir à l’autre.

S’ouvrir à l’inconnu.

S’ouvrir à ce qui nous fait peur.

S’ouvrir à ce qui nous rend inconfortables.

S’ouvrir à l’inconnu.

Accepter que le monde ne tourne pas autour de soi et qu’il existe autant de façons de voir la vie que d’humains sur cette Terre. Que ce qui semble être une vérité pour soi, ne les pas automatiquement pour quelqu’un d’autre et que même s’il est dans nos habitudes de vouloir tout nommer, cela réduit notre expérience dans le moment. Cela est dans notre nature humaine, nous aimons sentir que nous avons le contrôle, nous nommons les choses à notre façon pour qu’elles deviennent tangibles et plus familières, cela les rend moins menaçantes. Or, nous ne sommes qu’une aiguille de plus dans une botte de foin, une fraction de seconde sur l’échelle de l’humanité.

Cela peut ne pas être rassurant, mais n’est-ce pas libérateur à la fois?

Voyager c’est s’ouvrir à la différence et accepter que souvent, nous n’ayons pas la réponse.

Voyager, c’est devenir assez humble pour admettre que notre façon de voir le monde n’est pas la vérité absolue.

Voyager, c’est apprendre à devenir confortable à l’idée que notre vie qui nous semble si grandiose en bas, n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan vu du hublot.

Nommer les choses, les définir selon des concepts qui nous sont familiers réduit notre expérience à quelque chose de connu, de tangible et de prévisible. Cela nous permet certes de nous conforter, mais l’aventure elle, débute à la fin de cette zone confortable.

Laissons l’inconnu titiller notre curiosité plutôt que de nous effrayer.

Laissons à l’autre la possibilité de nous raconter son histoire et osons la vivre à travers son regard.

Osons nous aventurer au-delà de ce qui nous fait peur.

Osons voyager au-delà des limites de notre jugement et partons découvrir ce monde, comme nous ne l’avons jamais imaginé.

Osons nous ouvrir.

Ensemble, osons voyager.

Bon voyage xx