Élise bernier

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Nomade digital : les inconvénients

À l’époque où j’ai commencé à travailler comme nomade digital, nous étions qu’une poignée de personnes qualifiées de marginales, qui avaient opté pour un mode de vie un peu étrange.

Aujourd’hui, entre autres grâce à la pandémie que nous avons traversée ensemble, le concept de nomade digital prend de plus en plus son sens. On intègre tranquillement la notion du travail décentralisé et ce qui autrefois était vu comme un mode de vie marginal est aujourd’hui une évidence.

La découverte d’un mode de vie rêvé

C’est un concept qui gagne en popularité, mais qui est trop souvent présenté de façon romantique. On s’imagine travailler au son des vagues en buvant son eau de coco, enchaîner les contrats à son propre rythme bref, vivre un peu le rêve.

Et oui, au départ on vit ça un peu comme un rêve, c’est vrai. On a l’impression d’avoir découvert LA meilleure façon de vivre sa vie, d’avoir compris ce que la majorité de la population n’assimile pas et que de vivre ainsi est carrément un trésor caché. Bon, du moins c’est comme ça que le périple commence. Avec des feux artifices!

Le truc, c’est que la romance et les papillons du départ se dispersent un jour et laissent place à quelque chose d’autre. Quelque chose de plus vrai, de plus tangible et ancré. Si nous n’y sommes pas préparés et que nous nous concentrons uniquement sur le coup de foudre des premiers instants ou sur les idées que l’on nous vend autour de ce mode de vie, on risque d’avoir du mal à garder le cap.

Ceci étant dit, j’ai trouvé pertinent de vous partager les avantages et les inconvénients en lien avec le mode de vie de nomade digital. De cette façon, si vous souhaitez vous lancer, vous aurez un autre côté de la médaille. D’ailleurs, n’hésitez pas à alimenter la discussion et commenter dans la section au bas de la page.

Les inconvénients liés au mode de vie de digital nomade

Le manque d’ancrage

Une chose que j’ai réalisée, c’est qu’avec les années qui passent, on cherche de plus en plus à faire des choses qui ont du sens pour soi. Nous ne cherchons plus simplement à avoir un mode de vie rêvé ou à vivre le moment présent, mais à construire quelque chose de solide et d’aligner avec nos valeurs.

Construire une telle chose implique forcément un grand investissement. Un investissement en temps, en argent, mais aussi et surtout, un investissement auprès de sa communauté (j’y reviens). Lorsqu’on est digital nomade, c’est difficile de concilier cette vie d’aventures avec une réelle construction tangible.

À force de bouger ici et là, on se sent comme un citoyen du monde, mais aussi comme un sans domicile fixe. Ça a quelque chose d’excitant au départ, mais à un moment l’envie de construire, non pas une maison, mais un foyer, se fait ressentir.

Pour ma part, j'ai dernièrement eu cette espèce de sentiment d’urgence de commencer à acheter des lopins de terre. C’est un bon entre-deux de miser sur la terre, lorsqu’on est encore trop girouette pour s’acheter une maison. Bref, tout cela juste pour savoir que j’ai des endroits À MOI. Que peu importe ce qui se passe dans le monde, que la bourse subisse un écrasement ou, peu importe… j’ai une terre sur laquelle je peux développer. Ça m’apporte une certaine sécurité je dois l’avouer.

Parce qu’il y a un moment où on a plus envie de se sentir redevable et où on a envie d’être chez soi. Ça ne nous plaît plus de dépendre d’un propriétaire, de la disponibilité d’un Airbnb ou de la montée des prix de location à l’international. Bref, on a envie d’être indépendant et c’est tout à notre honneur!

Alors, vivre un mode de vie rêvé quand on est jeune, cent pour cent, mais pas au détriment de nos désirs et ambitions futures.

L’implication dans la communauté

Un aspect souvent oublié de notre quotidien est celui de la contribution pour notre communauté. Lorsqu’on est en mouvement constamment, pouvons-nous vraiment dire que nous prenons le temps de redonner à notre communauté ?  Apportons-nous une valeur ajoutée au pays qui nous accueille, ou profitons-nous simplement de ce que ce dernier a à nous offrir. Certes, on peut faire un peu d’humanitaire ici et là, mais comprenons-nous vraiment les enjeux locaux en profondeur, suffisamment pour ce que nous redonnions ait vraiment un sens ?

Nous sommes dans une ère qui promeut l’image à un point tel, qu’on oublie parfois la substance d’une vie réussie. Comme si « avoir l’air » d’avoir une vie réussie était aussi crucial que de réellement vivre cette vie et accomplir des choses qui ont du sens pour soi. Je pense que l’implication pour notre milieu est un aspect que l’on valorise au fur et à mesure que les années passent. D’ailleurs, je me demande parfois s’il est possible de se sentir réellement accompli dans la vie sans cette implication.

Choc culturel à long terme

Le choc culturel pour un voyage à court terme est un sujet assez discuté, mais qu’en est-il lorsque celui-ci arrive beaucoup plus tard, au bout de quelques mois ou même, des années ?

Un choc culturel rapide, c’est celui qui nous donne un coup de pelle en pleine face. Celui qui nous rappelle que « tu es loin de chez toi ici, ma belle ». Le choc culturel à long terme quant à lui, s’installe sournoisement après plusieurs mois dans un pays. Au départ, on voit le bleu de la mer, on entend le chant des oiseaux, on remarque la chaleur des habitants du pays, bref, on vit un peu sur un petit nuage. Je ne veux pas dire que ces choses ne sont pas réelles, mais elles sont si brillantes et nouvelles qu’elles font de l’ombre au réel.

Parce que les hommes qui te sifflent à chaque coin de rue en Amérique latine ne disparaissent pas après quelques mois. Parce que la pauvreté, les inondations, le déficit dans le système d’éducation ou encore les jeunes adolescentes qui tombent enceintes pour quitter le foyer familial, tout cela fait aussi partie du quotidien. Ce n’est pas parce que ces aspects ne sautaient pas aux yeux à notre arrivée qu’ils n’étaient pas présents. Certains peuvent tenter de fermer les yeux face à ça et travaillent à renforcer leur illusion d’un monde de licorne. C’est sans jugements, mais ce n’est pas sans conséquence de moduler son illusion plutôt que de vivre dans le réel. On y gagne peut-être sur le court terme, mais la vie est un long fleuve tranquille… 

D’une part, cela nous fait réaliser la chance que nous avons et parfois ça vient nous heurter, surtout si nous avons idéalisé la place où nos bagages ont été posés. Est-ce que c’est insurmontable ? Bien sûr que non. Il faut simplement faire un bilan conscient et se demander ce qui est important pour nous dans un environnement. Est-ce la chaleur d’un peuple, la proximité avec la nature ou la vie lente et douce ou bien préférons-nous plutôt la sécurité d’un système bien structuré, l’accessibilité à l’éducation et l’aide gouvernementale ? Il n’y a pas de bonnes réponses.

La seule bonne décision est celle que nous prenons pour soi.

Le numérique n’est pas réel

Bon dit comme ça, ça semble évident. Eh ben au bout d’un moment, c’est vrai que c’est quelque chose qu’on peut oublier. Quand toute notre vie tourne autour du digital, que notre travail, nos études, le contact avec nos amis à l’étranger et que même notre art passe par le numérique, il nous arrive de s’y méprendre.

D’ailleurs, la construction solide d’une amitié, c’est aussi ce sur quoi un fait un peu une croix lorsqu’on est toujours à l’étranger. Parce que bâtir une amitié, ça aussi ça prend de l’investissement et c’est bien beau le facetime, un moment, ce n’est juste plus suffisant.

J’avoue qu’avec mes amis c’est assez routinier de communiquer de cette façon, mais là où ça me frappe, c’est lorsque je communique avec ma grand-maman ou même avec ma mère. Pour elles, c’est tellement moins naturel que la distance se ressent immédiatement. Mon cerveau le sait très bien que je ne suis pas à leur côté. Aussi, ce sont des relations tellement différentes, avec mes amis nous placotons, nous nous envoyons des vidéos, des gifs, bref c’est assez fluide.

Avec nos grands-parents, c’est surtout leur présence qui fait tout le sens d’une rencontre. On n’échange pas un million de mots, mais les silences de la conversation sont réconfortants. On ressent l’énergie de l’autre, sa présence, sa chaleur… entre nous, y a-t-il quelque chose de plus froid que de parler à un dispositif composé de minéraux ?

Bref, cette chaleur humaine avec nos proches est tellement importante.

Alors voilà! Tout mode de vie comporte ses avantages et ses inconvénients. Le seul objectif dans tout ça est de trouver ce qui NOUS correspond RÉELLEMENT.

Ce n’est pas chose simple que d’apprendre à se connaître, mais selon moi les voyages en solitaire aident énormément. Le fait de se retrouver face à soi-même, de ne pas avoir nos béquilles habituelles sur lesquelles s’appuyer et ne reposer que sur soi, tout cela fait émerger des parties de notre personnalité qu’on n’avait peut-être même jamais imaginées.

Lorsqu’on n’a ni famille ni amis autour de soi, que l’on se retrouve seul dans un pays étranger où notre unique repère est le reflet que nous voyons dans le miroir, il faut être solide! Il faut se développer, apprendre à s’écouter, se connaître et par-dessus tout, s'apprécier.

J’espère que cet article aura pu vous éclairer, faites-vous plaisir partagez-nous vos ressentis. Également si vous avez des questions, n’hésitez pas à me communiquer dans la section commentaires ci-dessous. Je prends le temps de vous lire et méditer sur votre rebond.

Je vous souhaite un beau voyage et surtout, une belle découverte de soi.

Hasta luego amiguitos xx